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3,99 € – 17,00 €
Le Désert de Syrie et l’Euphrate
Edmond de Pertuis
138 x 204 mm – 144 pages – Texte + carte – Noir et blanc – Broché
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Le Désert de Syrie et l’Euphrate
Edmond de Pertuis
138 x 204 mm – 144 pages – Texte + carte – Noir et blanc – Broché
J’ai eu la bonne fortune de réaliser ce rêve de l’illustre poète. Voici dans quelles circonstances. Des intérêts importants m’ont appelé en Syrie, où j’ai séjourné pendant huit ans. Ces intérêts souffraient de la rupture de très anciens pactes de fraternité et de protection, à l’abri desquels les marchands et les chefs chameliers de Damas et de Bagdad pouvaient, en toute sécurité, faire prendre à leurs caravanes la voie plus courte par le désert, à condition de payer un droit de péage tarifé aux Arabes Bédouins indépendants qui l’occupent.
Après cette rupture, causée par le refus obstiné et déloyal des caravaniers de solder un arriéré très élevé de ces droits, réclamé, mais en vain, par ces nomades, une caravane très forte tenta de forcer le passage à main armée. Elle fut surprise, attaquée et totalement pillée après une énergique défense dans laquelle le sang avait coulé de part et d’autre en abondance, rendant ainsi toute réconciliation impossible, selon l’usage au désert, tant que le prix du sang n’est pas payé par le sang, ou n’est pas racheté par l’équivalent en espèces.
Les deux parties souffraient également de cette situation qui durait depuis quatorze ans : les caravaniers avaient dû prendre un chemin infiniment plus long et plus coûteux pour contourner le désert qui leur était fermé, et les Bédouins ne percevaient plus aucun droit de péage. Cependant si, parmi ces Arabes, tous n’avaient pas encore, dans leur soif de vengeance, ni oublié ni pardonné leurs vieux griefs, la plupart des grands scheiks se montraient plus sensés et plus conciliants. On les savait disposés à se prêter à des ouvertures pour renouer les anciens pactes et faire la paix. Sondés par des intermédiaires étrangers à ces querelles qui s’étaient mis en correspondance avec eux, ils répondirent favorablement et offrirent rendez-vous pour les négociations à leurs campements d’été à l’est de Palmyre, dans le désert.
Les négociateurs paraissaient devoir être choisis parmi les trafiquants notables indigènes, mais aucun ne voulut ou n’osa accepter celle mission. Ils soutenaient, non sans raison peut-être, que des Frangis1, connus et en évidence, seraient plus favorablement accueillis par ces irascibles et vindicatifs nomades et qu’ils leur inspireraient et plus de respect et moins de défiance.
Deux personnages haut placés de Damas se chargèrent avec moi de tenter l’aventure. Rendez-vous à jour fixe avait été arrêté pour partir ensemble, mais, l’avant-veille, l’un de mes compagnons tomba malade, et l’autre se trouva empêché…
Je dus partir seul. Entraîné par l’imprévu et la force des choses bien au-delà du cercle relativement étroit du programme primitif, d’après lequel la durée de l’expédition ne devait guère dépasser quarante jours, mon voyage a exigé sept mois. Dans cette longue pérégrination, après avoir sillonné tout le nord du Désert de Syrie, j’ai parcouru la large et superbe vallée de l’Euphrate, gagné Bagdad et ensuite opéré mon retour par Mossoul et une partie du désert de Mésopotamie ; ayant visité ainsi tous ces pays où dans l’antiquité florissaient Babylone, Ctésiphon, Ninive, Édesse et tant d’autres cités célèbres dans l’histoire. Pendant le séjour prolongé que j’ai dû faire chez les Arabes de la grande tribu des Sbaà, dans le massif des montagnes de la Palmyrène, vivant pour ainsi dire de leur vie, au milieu d’eux, et bientôt dans l’intimité d’un de leurs grands scheiks dont j’étais l’hôte, j’ai pu tout à mon aise étudier les mœurs et l’état de civilisation de ces peuplades. J’y ai appris en outre à bien connaître, dans leurs préceptes, leur portée, leur sanction et jusque dans leur application, les us, coutumes et traditions séculaires, si curieux et étranges, qui les régissent.
Enfin, au point de vue géographique, j’ai eu soin de relever, pendant mes marches au cœur du désert, la situation et la direction apparente d’importantes chaînes de montagnes2 et d’une grande plaine3 qui sépare les deux plus hautes, ainsi que l’emplacement de quelques ruines qui ne figurent encore, ni à leur place ni sous leurs noms, sur aucune carte de la Palmyrène, du moins que je sache. J’ai reporté mes relevés, avec les noms arabes, sur la carte de mon voyage.
On ne doit pas s’engager sur ce terrain, si brulant sous plus d’un rapport, sans s’être au préalable aussi bien renseigné que possible aux sources les plus sûres dans les localités limitrophes. Il importe également de consulter avec attention les publications des plus célèbres et consciencieux voyageurs : Niebuhr (1760) et surtout Burckhardt (1810-1812) sur l’Arabie, quoique ni l’un ni l’autre n’ait pénétré à l’intérieur des déserts ; le colonel Chesney (1835) sur le cours de l’Euphrate, et accessoirement Palgrave, qui visita le pays des Wahabites, au centre de la presqu’île Arabique, en 1862-1863.
Maintenant que l’attention de l’Europe et du monde des affaires se porte sur les possessions d’Asie du Sultan, j’entreprends, quoique tardivement, le récit de mon voyage exécuté en 1866. Les souvenirs inoubliables que j’ai gardés des si bons et parfois si mauvais jours de mes longues chevauchées, aidés de mes notes quotidiennes précieusement conservées, faciliteront ma tâche et me permettront de raconter tout ce que j’ai vu et observé, recueilli, constaté ou appris, et éprouvé.
1Européens.
2Les Monts Djebels : Bélas, Mera, Edenten et Ascabiéh.
3Le Schaher ou Chaher.
Poids | 210 g |
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Dimensions | 12 × 138 × 204 mm |
Disponible | Oui |
Genre | Relation de voyage, Témoignage |
Édition numérique | Non, Oui |
Édition papier | Non, Oui |
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