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Sur la révolution russe et autres textes
Rosa Luxembourg
138 x 204 mm – 64 pages – Texte – Noir et blanc – Broché
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Sur la révolution russe et autres textes
Rosa Luxembourg
138 x 204 mm – 64 pages – Texte – Noir et blanc – Broché
Sur la Révolution russe
24-03-1917
Der Kampf, Socialdemokratisches Propaganda Organ – P. 1-2
Duisburg
Dans l’incertitude et la confusion des nouvelles qui, jusqu’à présent, sont parvenues de l’étranger, parler de la Révolution russe est assez difficile, surtout dans un hebdomadaire dont la vision des choses peut chaque jour se trouver limitée ou infirmée par des nouvelles plus récentes.
Cependant, il est certains aspects que l’on peut constater aujourd’hui sans craindre que, dès demain, ils ne paraissent futiles, des aspects qui sont déterminants pour le sens historique de cette révolution. Savoir où se trouvent le tsar et sa famille, quel membre de la famille du tsar songe à pactiser avec la révolution russe ou non, etc., peut avoir un grand intérêt pour les Philistins, mais ne concerne en rien les politiciens, dès lors qu’il s’est avéré que la Révolution russe ne cherche nullement à s’en prendre à la dynastie du tsar en tant que telle.
Dans son essence historique, cette révolution est un soulèvement de la bourgeoisie contre l’incapacité du tsarisme à mener victorieusement une guerre mondiale. On sait combien la bourgeoisie russe a passionnément souhaité la guerre mondiale et l’y a poussé. Ce fut l’une des pires duperies des socialistes gouvernementaux allemands que de présenter la guerre des Russes comme le déferlement pillard de hordes barbares sur la civilisation occidentale, utilisant à cette fin un vocabulaire archaïque, tombé depuis longtemps en désuétude.
Peu avant le début de la guerre, le professeur Mitrofanov, historien de renom, formé dans les universités allemandes et nettement pro-allemand, exposait encore de façon très convaincante que « la propriété et la culture » en Russie, c’est-à-dire en clair la bourgeoisie russe, désirait ardemment une guerre avec l’Allemagne à laquelle elle se heurtait partout où elle voulait tendre ses rets capitalistes.
C’est ce qui explique la caducité de la tentative de saluer dans la Révolution russe un présage de paix. Au contraire, pour autant que cela dépende d’eux, les tenants actuels du pouvoir en Russie poursuivront la guerre avec une énergie redoublée et – ils l’espèrent – avec deux fois plus de succès ; oui, plus d’un signe donne à croire que la crainte de voir le tsar se décider à signer une paix séparée avec l’Allemagne n’a pas été le moindre ressort de la rapidité de leur intervention. C’est là que réside également l’explication du ralliement d’une partie de l’aristocratie, et notamment de la force armée, à la révolution russe.
Ainsi, cette révolution confirme la formule célèbre de Lassalle : « Il est impossible de mener la bourgeoisie dans le feu de l’action pour les idéaux de liberté, égalité, fraternité, mais pour défendre ses intérêts capitalistes, elle est encore capable de sortir ses griffes et de montrer les dents ».
On peut même relativement féliciter la bourgeoisie russe d’avoir su mettre en branle pour ses dignes autels des forces plus importantes que d’autres, situées plus à l’ouest. Mais en fin de compte, la bourgeoisie demeure la bourgeoisie et ne peut faire une révolution sans s’appuyer sur les masses populaires dont la vigueur révolutionnaire a été trempée par la rude école de la misère et de la famine. Il en fut ainsi en 1789 en France, il en fut ainsi en 1848 en France et en Allemagne et il en fut ainsi en 1917 en Russie.
Poids | 110 g |
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Dimensions | 6 × 138 × 204 mm |
Disponible | Oui |
Genre | Écrits politiques |
Édition numérique | Non, Oui |
Édition papier | Non, Oui |
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