clelie

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Clélie, histoire romaine – Tome 1/10

Madeleine de Scudéry

138 x 204 mm – 170 pages – Texte – Noir et blanc – Broché

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UGS : 9782355832154-1 Catégories : , ,

Description

« Clélie, histoire romaine » de Madeleine de Scudéry, publié entre 1654 et 1660, s’érige comme un monument littéraire du XVIIe siècle, portant l’étendard du roman précieux. Dans cette fresque littéraire d’une richesse exceptionnelle, Madeleine de Scudéry nous transporte dans les dédales de la Rome antique, où l’amour, la politique et la vertu se mêlent dans une danse envoûtante.

Il raconte les amours contrariées de Clélie, une jeune Romaine, et d’Aronce, un héros qui défend sa patrie contre les Étrusques. Le roman mêle des épisodes historiques, comme la fondation de Rome ou le combat des Horaces et des Curiaces, à des intrigues sentimentales et politiques, où se dévoilent les caractères et les passions des personnages. Le roman est aussi un prétexte pour peindre la société mondaine du XVIIe siècle, à travers les portraits des grands personnages de l’époque, comme le cardinal de Richelieu ou la reine Christine de Suède, et les conversations sur des thèmes variés, comme l’amour, l’amitié, la vertu ou la gloire.

Le roman, étalé sur plusieurs tomes, se déroule au milieu des intrigues politiques et des jeux de pouvoir qui caractérisent la République romaine. Les alliances se forment et se défont, les rivalités familiales s’exacerbent, offrant un tableau complexe et passionnant de la vie sociale et politique de cette époque antique.

L’amour, thème central du roman précieux, est également au cœur de « Clélie ». Les personnages, tous plus complexes les uns que les autres, se livrent à des intrigues amoureuses délicates et captivantes. L’auteure explore avec subtilité les nuances des relations humaines, mettant en lumière les tourments et les passions qui animent les cœurs de ses personnages.

Le style de Madeleine de Scudéry, raffiné et élégant, se déploie à travers des dialogues subtils et des descriptions minutieuses. Les échanges verbaux sophistiqués, les réflexions philosophiques et les débats moraux ajoutent une dimension intellectuelle profonde à l’œuvre, faisant de chaque page une invitation à la réflexion.

« Clélie, histoire romaine » est bien plus qu’un roman historique. C’est une œuvre qui transcende son époque, offrant une méditation intemporelle sur les valeurs morales, l’amour et la politique. Plongez dans les pages de ce chef-d’œuvre littéraire où la splendeur de la Rome antique se mêle à la finesse des sentiments humains, et où chaque mot résonne comme une note précieuse dans la symphonie du XVIIe siècle.

 

Il ne fut jamais un plus beau jour que celui qui devait précéder les noces de l’illustre Aronce et de l’admirable Clélie, et, depuis que le Soleil avait commencé de couronner le printemps de roses et de lys, il n’avait jamais éclairé la fertile campagne de la délicieuse Capoue avec des rayons plus purs, ni répandu plus d’or et de lumière dans les ondes du fameux Vulturne, qui arrose si agréablement un des plus beaux pays du Monde. Le ciel était serein, le fleuve était tranquille, tous les vents étaient renfermés dans ces demeures souterraines dont ils savent seuls les routes et les détours, et les zéphyrs mêmes n’avaient pas alors plus de force qu’il en fallait pour agiter agréablement les beaux cheveux de la belle Clélie, qui, se voyant à la veille de rendre heureux le plus parfait amant qui fut jamais, avait dans le cœur et dans les yeux, la même tranquillité qui paraissait être alors en toute la Nature.
Pour Aronce, quoiqu’il eût encore plus de joie que Clélie parce qu’il avait encore plus d’amour, il ne laissait pas d’avoir quelquefois une certaine agitation d’esprit qui ressemblait à l’inquiétude durant quelques moments. En effet il trouvait qu’il n’eût pas témoigné assez d’ardeur, si la seule espérance d’être heureux le lendemain l’eût entièrement satisfait : ainsi il murmurait contre la longueur des jours, quoiqu’il ne fût encore qu’aux premiers jours du printemps, et il regardait alors les heures comme des siècles. Cette douce inquiétude qui n’était causée que par une impatience amoureuse, ne l’empêchait pourtant pas d’être de fort agréable humeur quoiqu’il eût d’ailleurs quelque chose dans l’esprit qui lui donnait de la peine. En effet il s’imaginait toujours qu’il arriverait quelque accident qui retarderait encore son bonheur comme il avait été retardé, car il eût déjà épousé sa maîtresse, n’eût été que le fleuve au bord duquel était une très belle maison où Clélius avait résolu de faire les noces de sa fille, s’était accru d’une si terrible manière, qu’il n’y avait pas eu moyen de songer à faire une fête pendant un ravage si extraordinaire. Car ce fleuve s’était débordé tout d’un coup avec une telle impétuosité, que durant douze heures ses eaux avaient augmenté de moment en moment. De plus, le vent, les éclairs, le tonnerre, et une pluie épouvantable, avaient encore ajouté tant d’horreur à cette inondation, qu’on eût dit que tout devait périr. L’eau du fleuve semblait se vouloir effleurer jusques au ciel, et l’eau qui tombait du ciel était si abondante et si agitée par les divers tourbillons qui s’entrechoquaient, que le fleuve faisait autant de bruit que la mer, et la pluie en faisait même autant que la chute des plus fiers torrents en peut faire. Aussi ce ravage fit-il d’étranges désordres dans cet aimable pays car il démolit plusieurs bâtiments, publics et particuliers ; il déracina des arbres, couvrit les champs de sable et de pierres, aplanit des collines, creusa des campagnes, et changea presque toute la face de cette petite contrée. Mais ce qu’il y eut de remarquable fut que lorsque cet orage fut passé, on vit que le ravage des eaux avait déterré les ruines de divers tombeaux magnifiques, dont les inscriptions étaient à moitié effacées ; qu’en quelques autres lieux, il avait découvert de grandes colonnes toutes d’une pièce, plusieurs superbes vases antiques d’agate, de porphyre, de jaspe, de terre samienne, et de plusieurs autres matières précieuses, de sorte que cet endroit au lieu d’avoir perdu quelque chose de sa beauté, avait acquis de nouveaux ornements. Aussi était-ce auprès de ces belles et magnifiques ruines qu’Aronce et Clélie, conduits par Clélius et par Sulpicie sa femme, et accompagné d’une petite troupe choisie qui devait être aux noces de ces illustres amants qui se devaient faire le lendemain, se promenaient avec beaucoup de plaisir, Aronce ne se souvenant plus alors de toutes les peines que ces rivaux lui avaient données, car le temps de son bonheur semblait être si proche, le jour était si beau, le lieu si agréable, la compagnie si divertissante et si enjouée et Clélie était si belle et lui était si favorable, qu’il n’était pas possible que ce qu’il y avait encore de fâcheux en sa Fortune, le fut assez pour l’empêcher d’avoir une joie excessive, bien qu’elle fût quelquefois interrompue, comme je l’ai déjà dit, par quelque inquiétude.
C’est pourquoi, voulant alors témoigner à la belle et incomparable Clélie une partie des sentiments de joie qu’il avait dans l’âme, il la sépara adroitement de dix ou douze pas de cette agréable troupe qu’il fuyait, lui semblant que ce qu’il disait à Clélie lorsqu’il n’était entendu que d’elle, faisait beaucoup plus d’impression dans son esprit. Mais lorsqu’il voulut passer d’une conversation générale à une conversation particulière et qu’il tourna la tête pour voir s’il était assez loin de ceux qu’il fuyait pour n’être entendu que de Clélie, il vit paraître à l’entrée d’un petit bois qui n’était qu’à trente pas d’eux, le plus brave et le plus honnête homme de ses rivaux qui s’appelait Horace et il le vit paraître accompagné de quelques-uns de ses amis.
Cette vue surprit sans doute Aronce, mais elle surprit pourtant encore plus Clélie qui, craignant de voir arriver quelque funeste accident, quitta Aronce pour aller vers son père afin de l’obliger à faire ce qu’il pourrait pour empêcher qu’Horace et cet heureux amant n’en vinssent aux mains. À peine eut-elle fait cinq ou six pas, qu’un tremblement de terre effroyable dont ce pays-là est si sujet, commença tout d’un coup et avec une telle impétuosité que la terre s’entrouvrant entre Aronce et Clélie avec des mugissements aussi effroyables que ceux de la mer irritée, il en sortit, en un instant, une flamme si épouvantable, qu’elle les déroba également à la vue l’un de l’autre. Tout ce que vit alors le malheureux Aronce, fut que la terre s’entrouvrant de partout, il était environné de flammes ondoyantes qui faisant autant de figures différentes qu’on en voit quelquefois aux nues, lui firent voir le plus affreux objet du monde. Leur couleur bleuâtre, entremêlée de rouge, de jaune, et de vert (qui s’entortillaient ensemble de cent bizarres manières) rendaient la vue de ces flammes si affreuse que tout autre cœur que celui d’Aronce aurait succombé en une pareille rencontre.
Car cet abîme qui s’était entrouvert entre Clélie et lui et qui les avait séparés avec tant de violence, avait quelque chose de si terrible à voir que l’imagination ne saurait se le figurer. En effet, une fumée épaisse et noire ayant presque en un moment caché le Soleil et obscurci l’air comme s’il eût été nuit, on voyait quelquefois sortir de ce gouffre, une abondance étrange de flammes tumultueuses qui, se dilatant après dans l’air, étaient emportées comme des tourbillons de feu par les vents qui se levèrent alors de divers côtés.
Ce qu’il y avait encore d’étonnant, était que dans le même temps, la foudre faisait retentir tous les lieux d’alentour d’un épouvantable bruit. On entendait mille tonnerres souterrains, qui, par des secousses terribles qui faisaient encore de nouvelles ouvertures à la terre, semblaient avoir ébranlé le centre du Monde et vouloir remettre la Nature en sa première confusion. Mille pierres embrasées sortant de ce gouffre enflammé, étaient lancées en haut avec des sifflements effroyables et retombaient ensuite dans la campagne, ou près ou loin, selon l’impétuosité qui les poussait où leur propre poids les faisait retomber. En quelques endroits de la plaine, on voyait des flammes bouillonner comme des sources de feu et il s’exhalait de ces terribles feux une odeur de soufre et de bitume si incommode qu’on en était presque suffoqué. Ce qu’il y avait encore de surprenant, était qu’au milieu de tant de feux, il y avait des endroits d’où sortaient des torrents qui en quelques lieux éteignaient la flamme et augmentaient la fumée et qui, en quelques autres, étaient eux-mêmes consumés par les feux qu’ils rencontraient.
Mais ce qu’il y eut de plus terrible, fut qu’il sortit tout d’un coup de cet abîme, une si prodigieuse quantité de cendres embrasées, que l’air, la terre, et le fleuve, en furent presque entièrement ou remplis, ou couverts.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9lie

Informations complémentaires

Poids 230 g
Dimensions 13 × 138 × 204 mm
Disponible

Oui

Genre

Récit historique, Roman

Version papier ou numérique ?

Version numérique (Epub ou PDF), Version papier

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