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Principes et organisation de la société internationale révolutionnaire

Michel Bakounine

Préface de Jean-Christophe Angaut

138 x 204 mm – 112 pages – Texte – Noir et blanc – Broché

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UGS : 9782355832369 Catégories : ,

Description

Première partie

Catéchisme révolutionnaire

I. Objet de la Société

1. Cette société a pour objet le triomphe du Principe de la Révolution dans le monde, par conséquent la dissolution radicale de toutes les organisations et institutions religieuses, politiques, économiques et sociales actuellement existantes, et la reconstitution de la société européenne d’abord, et ensuite mondiale, sur les bases de la liberté, de la raison, de la justice et du travail.

2. Une telle œuvre ne saurait être de courte durée. L’association se constitue donc pour un temps indéfini et ne cessera d’exister que le jour où le triomphe de son principe dans le monde entier lui sera sa raison d’être.

II. Catéchisme Révolutionnaire

1. Négation de l’existence d’un Dieu réel, extramondial, personnel, et par conséquent aussi de toute révélation et de toute intervention divine dans les affaires du monde et de l’humanité. Abolition du service et du culte de la Divinité.

2. Remplaçant le culte de Dieu par le respect et l’amour de l’humanité, nous affirmons la raison humaine comme critérium unique de la vérité ; la conscience humaine, comme base de la justice ; la liberté individuelle et collective, comme unique créateur de l’ordre de l’humanité.

3. La liberté, c’est le droit absolu de tout homme ou femme majeurs, de ne point chercher d’autre sanction à leurs actes que leur propre conscience et leur propre raison, de ne les déterminer que par leur volonté propre, et de n’en être par conséquent responsables que vis-à-vis d’eux-mêmes d’abord ; ensuite vis-à-vis de la société dont ils font partie, mais en tant seulement qu’il consentent librement à en faire partie.

4. Il n’est point vrai que la liberté d’un individu soit limitée par celle de tous les autres. L’homme n’est réellement libre qu’autant que sa liberté, librement reconnue et représentée comme par un miroir, par la conscience libre de tous les autres, trouve sa confirmation et son extension à l’infini dans leur liberté. L’homme n’est vraiment libre que parmi des hommes également libres ; et comme il n’est libre qu’à titre humain, l’esclavage d’un seul homme sur la terre, étant une offense contre le principe même de l’humanité, est une négation de la liberté de tous.

5. La liberté de chacun n’est donc réalisable que dans l’égalité de tous. La réalisation de la liberté dans l’égalité de droit et de fait est la justice.

6. Il n’existe qu’un seul dogme, qu’une seule loi, qu’une seule base morale pour les hommes ; c’est la liberté. Respecter la liberté de son prochain, c’est le devoir ; l’aimer, l’aider, le servir, c’est la vertu.

7. Exclusion absolue de tout principe d’autorité et de Raison d’État. La société humaine, ayant été primitivement un fait naturel, antérieur à la liberté et au réveil de l’humaine pensée, devenue plus tard un fait religieux, organisé selon le principe de l’autorité divine et humaine, doit se reconstituer aujourd’hui sur la base de la liberté, qui doit devenir désormais le seul principe constitutif de son organisation politique aussi bien qu’économique. L’ordre dans la société doit être la résultante du plus grand développement possible de toutes les libertés locales, collectives, et individuelles.

8. L’organisation politique et économique de la vie sociale, doivent partir par conséquent, non plus comme aujourd’hui de haut en bas, et du centre à la circonférence, par principe d’unité et de centralisation forcée, mais de bas en haut et de la circonférence au centre, par principe d’association et de fédération libres.

9. Organisation politique

Il est impossible de déterminer une norme concrète, universelle et obligatoire pour le développement intérieur et pour l’organisation politique des nations ; l’existence de chacun étant subordonnée à une foule de conditions historiques, géographiques, économiques différentes et qui ne permettront jamais d’établir un modèle d’organisation également bon et acceptable pour toutes. Une telle entreprise absolument dénuée d’utilité pratique, porterait d’ailleurs atteinte à la richesse et à la spontanéité de la vie qui se plaît dans la diversité infinie, et ce qui plus est, serait contraire au principe même de la liberté. Pourtant il est des conditions essentielles, absolues, en dehors desquelles la réalisation pratique et l’organisation de la liberté seront toujours impossibles.

Ces conditions sont :

a. L’abolition radicale de toute religion officielle et de toute Église privilégiée, ou seulement protégée, payée et entretenue par l’État. Liberté absolue de conscience et de propagande pour chacun, avec la faculté illimitée d’élever autant de temples qu’il plaira à chacun, à ses Dieux quels qu’ils fussent, et de payer et d’entretenir les prêtres de sa religion.

b. Les Églises, considérées comme corporations religieuses, ne jouiront d’aucun des droits politiques qui seront attribués aux associations productives ; ne pourront ni hériter, ni posséder des biens en commun, excepté leurs maisons ou établissements de prière ; et ne pourront jamais s’occuper de l’éducation des enfants — l’unique objet de leur existence étant la négation systématique de la morale, de la liberté, et la sorcellerie lucrative.

c. Abolition de la Monarchie — République.

d. Abolition des classes, des rangs, des privilèges et de toutes sortes de distinctions. Égalité absolue des droits politiques pour tous — hommes et femmes suffrage universel.

e. Abolition, dissolution et banqueroute sociale, politique, judiciaire, bureaucratique et financière de l’État tutélaire, transcendant, centraliste, doublure et alter ego de l’Église, et comme tel, cause permanente d’appauvrissement, d’abrutissement et d’asservissement pour les peuples. Comme conséquence naturelle, abolition de toutes les universités de l’État, — le soin de l’instruction publique devant appartenir exclusivement aux communes et aux associations libres ; abolition de la magistrature de l’État, tous les juges devant être élus par le peuple ; abolition des codes criminels et civils, qui sont actuellement en vigueur en Europe, parce que tous, également inspirés par le culte de Dieu, de l’État, de la famille religieusement ou politiquement consacrée, et de la propriété sont contraires au droit humain, et parce que le code de la liberté ne pourrait être créé que par la seule liberté. Abolition des banques et de toutes les autres institutions de crédit de l’État. Abolition de toute administration centrale, de la bureaucratie, des armées permanentes et de la police de l’État.

f. Élection immédiate et directe de tous les fonctionnaires publics, judiciaires et civils, aussi bien que de tous les représentants ou conseillers nationaux, provinciaux et communaux par le peuple, c’est-à-dire par le suffrage universel, de tous les individus, hommes et femmes majeurs.

g. Réorganisation intérieure de chaque pays en prenant pour point de départ et pour base la liberté absolue des individus, des associations productives et des communes.

h. Droits individuels

1. Droit pour chacun, homme ou femme depuis la première heure de sa naissance jusqu’à l’âge de sa majorité, d’être complètement entretenu, surveillé, protégé, élevé, instruit dans toutes les écoles publiques : primaires, secondaires, supérieures, industrielles, artistiques et scientifiques, aux frais de la société.

2. Droit égal pour chacun d’être conseillé et soutenu par cette dernière, dans la mesure du possible, au commencement de la carrière, que chaque individu devenu majeur choisira librement ; après quoi la société, l’ayant déclaré absolument libre, n’exercera plus sur lui ni surveillance, ni autorité aucunes et déclinant vis-à-vis de lui toute autre responsabilité ne lui devra plus que respect et au besoin la protection de sa liberté.

3. La liberté de chaque individu majeur — homme et femme — doit être absolue et complète ; liberté d’aller et de venir, de professer hautement toutes les opinions possibles, d’être fainéant ou actif, immoral ou moral, de disposer en un mot de sa propre personne et de son bien à sa guise, sans en rendre compte à personne, liberté de vivre, soit honnêtement par son propre travail, soit en exploitant honteusement la charité ou la confiance privée, pourvu que cette charité et cette confiance soient volontaires et ne leur soient prodiguées que par des individus majeurs.

4. Liberté illimitée de toute sorte de propagande par les discours, par la presse, dans les réunions publiques et privées, sans autre frein à cette liberté que la puissance salutaire, naturelle de l’opinion publique. Liberté absolue d’associations, sans en excepter celles qui par leur objet seront ou paraîtront immorales, et même celles qui auraient pour objet la corruption et la distraction de la liberté individuelle et publique.

5. La liberté ne peut et ne doit se défendre que par la liberté, et c’est un contre-sens dangereux que de vouloir y porter atteinte sous le prétexte sérieux de la protéger, et comme la morale n’a pas d’autre source, d’autre stimulant, d’autre arme, d’autre objet que la liberté, et comme elle n’est elle-même rien que la liberté, toutes les restrictions qu’on a imposées à cette dernière, dans le but de protéger la morale, ont toujours tourné au détriment de celle-ci. La psychologie, la statistique et toute l’histoire nous prouvent que l’immoralité individuelle et sociale a toujours été la conséquence nécessaire d’une mauvaise éducation publique et privée, de l’absence et de la dégradation de l’opinion publique, qui n’existe, ne se développe et ne se moralise jamais que par la seule liberté, et la conséquence surtout d’une organisation vicieuse de la société. L’expérience nous apprend, dit l’illustre statisticien français Quetelet, que c’est la société qui prépare toujours les crimes et que les malfaiteurs ne sont que les instruments fatals qui les accomplissent ! Il est donc inutile d’opposer à l’immoralité sociale les rigueurs d’une législation qui empiéterait sur la liberté individuelle. L’expérience nous apprend au contraire que le système répressif et autoritaire, loin d’en avoir arrêté les débordements, l’a toujours plus profondément et plus largement développé dans les pays qui s’en sont trouvés atteints ; et que la morale publique et privée a toujours descendu et monté à mesure que la liberté des individus se rétrécissait ou s’élargissait. Et que par conséquent pour moraliser la société actuelle, nous devons commencer d’abord par détruire de fond en comble toute cette organisation politique et sociale fondée sur l’inégalité, sur le privilège, sur l’autorité divine et sur le mépris de l’humanité, et après l’avoir reconstruite sur les bases de la plus complète égalité, de la justice, du travail, et d’une éducation rationnelle uniquement inspirée par le respect humain, nous devons lui donner l’opinion publique pour garde, et pour âme, la liberté la plus absolue.

6. Pourtant la société ne doit point rester complètement désarmée contre les individus parasites, malfaisants et nuisibles. Le travail devant être la base de tous les droits politiques, la société, communes, provinces ou nation, chacune dans sa circonscription respective, pourra en priver tous les individus majeurs qui n’étant ni invalides, ni malades, ni vieillards, vivront aux frais de la charité publique ou privée avec l’obligation de les lui restituer aussitôt qu’ils recommenceront à vivre de leur propre travail.

7. La liberté de chaque individu humain étant inaliénable, la société ne souffrira jamais qu’un individu quelconque aliène juridiquement sa liberté, ou qu’il l’engage par contrat vis-à-vis d’un autre individu autrement que sur le pied de la plus entière égalité et réciprocité. Elle ne pourra pourtant pas empêcher qu’un homme ou une femme, dénués de tout sentiment de dignité personnelle ne se mettent sans contrat, vis-à-vis d’un autre individu dans un rapport de servitude volontaire ; mais elle les considérera comme des individus vivant de la charité privée et par conséquent destitués de la jouissance des droits politiques, pendant toute la durée de cette servitude.

8. Toutes les personnes qui auront perdu leurs droits politiques seront également privés de celui d’élever et de garder leurs enfants. En cas d’infidélité à un engagement librement contracté ou bien en cas d’attaque ouverte ou prouvée contre la propriété, contre la personne et surtout contre la liberté d’un citoyen, soit indigène, soit étranger, la société infligera au délinquant, indigène ou étranger, les peines déterminées par ses lois.

10. Abolition absolue de toutes les peines dégradantes et cruelles, des punitions corporelles et de la peine de mort, en tant que consacrée et exécutée par la loi. Abolition de toutes les peines à terme indéfini ou trop long et qui ne laissent aucun espoir, aucune possibilité réelle de réhabilitation — le crime devant être considéré comme une maladie, et la punition plutôt comme une cure que comme une revendication de la société.

11. Tout individu condamné par les lois d’une société quelconque, comme province ou nation, conservera le droit de ne point se soumettre à la peine qui lui aura été imposée, en déclarant qu’il ne veut plus faire partie de cette société. Mais dans ce cas celui-ci aura à son tour le droit de l’expulser de son sein et de le déclarer en dehors de la garantie et de la protection.

12. Retombé ainsi sous la loi naturelle — œil pour œil, dent pour dent, — au moins sur le terrain occupé par cette société, le réfractaire pourra être pillé, maltraité, même tué sans que celle-ci s’en inquiète. Chacun pourra s’en défaire comme d’une bête malfaisante ; jamais pourtant l’asservir, ni l’employer comme esclave.

Informations complémentaires

Poids 140 g
Dimensions 10 × 138 × 204 mm
Disponible

Oui

Genre

Écrits politiques

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