Tous les livres

5,99 18,00 

Voyages aux régions équinoxiales du nouveau continent – Tome 7 – Tuamini

A. de Humboldt, A. Bonpland

138 x 204 mm – 150 pages – Texte – Noir et blanc – Broché

Télécharger un extrait

UGS : 9782355832987 Catégories : , ,

Description

“Voyages aux régions équinoxiales du Nouveau Continent” est une œuvre majeure de Alexandre de Humboldt, naturaliste et explorateur allemand.

Publiée entre 1805 et 1834, elle relate les expéditions scientifiques et géographiques qu’il a menées avec Aimé Bonpland en Amérique du Sud, en Amérique centrale et au Mexique, de 1799 à 1804. Humboldt y décrit avec précision la faune, la flore, les paysages, les peuples et les cultures qu’il a rencontrés, ainsi que les phénomènes naturels qu’il a observés. Il y expose aussi ses réflexions sur la politique, l’histoire, l’économie et la société des régions visitées. Il y développe une vision globale et interdisciplinaire de la nature, fondée sur l’observation empirique et le raisonnement scientifique. Il y manifeste aussi son admiration pour la beauté et la diversité du monde vivant, ainsi que son souci de la préservation de l’environnement.

Voyages aux régions équinoxiales du Nouveau Continent est considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature de voyage et comme un ouvrage fondateur de la géographie moderne, de l’écologie et de l’ethnologie.

 

Le 15 avril. Nous quittâmes l’île de Panumana à quatre heures du matin, deux heures avant le lever du Soleil ; le ciel était en grande partie couvert et des éclairs sillonnaient de gros nuages à plus de quarante degrés d’élévation. Nous fûmes surpris de ne pas entendre le bruit du tonnerre : était-ce à cause de la prodigieuse hauteur de l’orage ? Il nous a paru qu’en Europe, les lueurs électriques sans tonnerre vaguement appelées éclairs de chaleur, sont vues généralement plus près de l’horizon. Par un ciel couvert qui renvoyait le calorique rayonnant du sol, il faisait une chaleur étouffante ; pas un souffle de vent n’agitait le feuillage des arbres. Les jaguars, comme de coutume, avaient passé le bras de l’Orénoque par lequel nous étions séparés du rivage ; nous entendions leurs cris de très près. Pendant la nuit, les Indiens nous avaient conseillé de quitter le bivouac et de nous retirer dans une cabane abandonnée qui appartient aux conucos des habitants d’Aturès ; ils eurent soin de barricader l’ouverture par des planches, précaution qui nous parut assez superflue. Près des cataractes, les tigres sont si nombreux que, deux ans auparavant, dans ces mêmes conucos de Panumana, un Indien retournant à sa cabane vers la fin de la saison des pluies, y trouva établie la femelle d’un tigre avec deux petits. Ces animaux avaient habité la maison depuis plusieurs mois, on eut beaucoup de peine à les déloger, et ce ne fut qu’après un combat très opiniâtre que l’ancien maître put rentrer chez lui. Les jaguars aiment à se retirer dans les masures délaissées, et je pense qu’il est généralement plus prudent pour un voyageur isolé de camper à la belle étoile entre deux feux, que de chercher de l’abri dans des cabanes inhabitées.

En quittant l’île de Panumana, nous aperçûmes sur la rive occidentale du fleuve, les feux d’un campement de Guahibos sauvages ; le missionnaire qui nous accompagnait fit tirer quelques coups de fusil en l’air : « C’était, disait-il, pour les intimider et pour leur prouver que nous étions en état de nous défendre ». Les sauvages étaient sans doute dépourvus de canots et ils n’avaient aucune envie de nous importuner au milieu du fleuve. Au lever du soleil, nous passâmes l’embouchure du Rio Anaveni qui descend des montagnes de l’est. Aujourd’hui ses rives sont désertes ; du temps des jésuites, le père Olmos y avait établi un petit village d’Indiens Japuins1 ou Jaruros. La chaleur du jour était si forte que nous nous arrêtâmes longtemps dans un endroit boisé pour pêcher à la ligne. Nous eûmes de la peine à emporter tout le poisson qui avait été pris. Nous n’arrivâmes que très tard au pied de la Grande Cataracte, dans une anse appelée le port inférieur2 et nous suivîmes, non sans quelque difficulté, par une nuit obscure, le sentier étroit qui conduit à la mission d’Aturès, éloignée d’une lieue du bord du fleuve. On traverse une plaine couverte de gros blocs de granite.

Le petit village de San Juan Nepomuceno de los Atures a été fondé par le père jésuite Francisco Gonzalez3 en 1748. En remontant le fleuve, c’est le dernier des établissements chrétiens qui doivent leur origine à l’ordre de Saint-Ignace. Les établissements plus méridionaux, ceux de l’Atabapo, du Cassiquiare et du Rio Negro, ont été formés par les Pères de l’Observance de Saint-François. L’Orénoque paraît avoir coulé jadis là où se trouve aujourd’hui le village d’Aturès et la savane, extrêmement unie qui entoure le village a sans doute fait partie du lit du fleuve. J’ai vu, à l’est de la mission, une suite de rochers qui semblent avoir été l’ancien rivage de l’Orénoque. Dans la suite des siècles, le fleuve s’est jeté vers le couchant à cause des atterrissements qui sont plus fréquents du côté des montagnes orientales, sillonnées par des torrents. La cataracte porte, comme nous l’avons indiqué plus haut, le nom de Mapara,4 tandis que le nom du village dérive de celui de la nation des Atures, que l’on croit éteinte aujourd’hui. Je trouve sur les cartes du dix-septième siècle, île et cataracte d’Athule ; c’est le mot Atures, écrit d’après la prononciation des Tamanaques qui confondent, comme tant d’autres peuples, les consonnes l et r. Même jusqu’au milieu du dix-huitième siècle, cette région montagneuse était si peu connue en Europe, que d’Anville, dans une première édition de son Amérique méridionale, fait sortir de l’Orénoque, près du Salto de los Atures, un bras qui se jette dans l’Amazone, et auquel il donne le nom de Rio Negro.

1Gili, Tom. 1, p. 36.

2Puerto de abaxo.

3Et non par le père Olmos, comme dit Caulin dans sa Chorographie ; le père Olmos se trouvait à Aturès lors de l’expédition des limites à laquelle il rendit de grands services.

4J’ignore l’étymologie de ce mot que je crois désigner simplement une chute d’eau. Gili traduit en maypure, petite cascade (raudalito) par uccamatisi mapara canacapatirri (Tom. 1, p. XXXIX). Devrait-on écrire matpara, car mat est une racine de la langue maypure et signifie mauvais (Hervas, Saggio, n. 29). Le radical par (para) se retrouve chez des peuplades américaines éloignées les unes des autres de plus de 500 lieues, chez les Caribes, les Maypures, les Brasiliens et les Péruviens, dans les mots mer, pluie, eau, lac. Il ne faut pas confondre mapara avec mapaja qui signifie, en maypure et en tamanaque, le papayer ou arbre à melon, sans doute à cause de la douceur de son fruit car mapa indique, en maypure comme en péruvien et en omagua, le miel d’abeilles. Les Tamanaques appellent généralement une cascade ou raudal, uatapurutpe ; les Maypures, uca.

Informations complémentaires

Poids 220 g
Dimensions 12 × 138 × 204 mm
Disponible

Oui

Genre

Relation de voyage

Version papier ou numérique ?

Version numérique (Epub ou PDF), Version papier

Avis

Il n’y a pas encore d’avis.

Seuls les clients connectés ayant acheté ce produit ont la possibilité de laisser un avis.