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Voyages aux régions équinoxiales du nouveau continent – Tome 5 – Aragua

A. de Humboldt, A. Bonpland

138 x 204 mm – 108 pages – Texte – Noir et blanc – Broché

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Description

“Voyages aux régions équinoxiales du Nouveau Continent” est une œuvre majeure de Alexandre de Humboldt, naturaliste et explorateur allemand.

Publiée entre 1805 et 1834, elle relate les expéditions scientifiques et géographiques qu’il a menées avec Aimé Bonpland en Amérique du Sud, en Amérique centrale et au Mexique, de 1799 à 1804. Humboldt y décrit avec précision la faune, la flore, les paysages, les peuples et les cultures qu’il a rencontrés, ainsi que les phénomènes naturels qu’il a observés. Il y expose aussi ses réflexions sur la politique, l’histoire, l’économie et la société des régions visitées. Il y développe une vision globale et interdisciplinaire de la nature, fondée sur l’observation empirique et le raisonnement scientifique. Il y manifeste aussi son admiration pour la beauté et la diversité du monde vivant, ainsi que son souci de la préservation de l’environnement.

Voyages aux régions équinoxiales du Nouveau Continent est considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature de voyage et comme un ouvrage fondateur de la géographie moderne, de l’écologie et de l’ethnologie.

 

Tremblements de terre de Caracas

Liaison de ce phénomène avec les éruptions volcaniques des îles Antilles

Nous quittâmes Caracas le 7 février, à la fraîcheur du soir, pour entreprendre notre voyage à l’Orénoque. Le souvenir de ce départ est aujourd’hui plus douloureux pour nous qu’il ne l’était il y a quelques années. Nos amis ont péri dans les sanglantes révolutions qui, tour à tour, ont donné ou ravi la liberté à ces régions lointaines. La maison que nous avons habitée n’est plus qu’un amas de décombres. D’affreux tremblements de terre ont changé la surface du sol. La ville que j’ai décrite a disparu. Sur ces mêmes lieux, sur cette terre crevassée, s’élève avec lenteur une autre ville. Déjà les ruines amoncelées, tombeaux d’une population nombreuse, sont devenues de nouveau la demeure des hommes.

En retraçant des changements d’un intérêt si général, je rappellerai des événements qui sont de beaucoup postérieurs à mon retour en Europe. Je passerai sous silence les commotions populaires, les modifications qu’a subies l’état de la société. Les peuples modernes, soigneux de leur mémoire, sauvent de l’oubli l’histoire des révolutions humaines qui est celle des passions ardentes et des haines invétérées. Il n’en est pas de même des révolutions du monde physique ; elles sont décrites avec d’autant moins de soin qu’elles coïncident avec les dissensions civiles. Les tremblements de terre, les éruptions des volcans, frappent l’imagination par les maux qui en sont une suite nécessaire. La tradition s’empare de préférence, de tout ce qui est vague et merveilleux et, dans les grandes calamités publiques comme dans les malheurs privés, l’homme semble fuir cette lumière qui fait découvrir les véritables causes des événements et reconnaître les circonstances dont elles sont accompagnées. J’ai cru devoir consigner dans cet ouvrage ce que j’ai pu apprendre de certain sur les secousses du 26 mars 1812 qui ont détruit la ville de Caracas et fait périr, dans l’étendue de la province de Venezuela presque au même instant, plus de vingt mille habitants. Les relations que j’ai conservées avec les hommes de toutes les classes m’ont mis en état de comparer les récits de plusieurs témoins oculaires et de leur adresser des questions sur des objets qui peuvent répandre du jour sur la physique générale. Historien de la nature, le voyageur doit constater les dates des grandes catastrophes, examiner leur enchaînement et leurs rapports mutuels, marquer dans le cours rapide des âges, dans ce mouvement continuel de variations successives, des points fixes auxquels d’autres catastrophes pourront un jour être comparées. Toutes les époques se rapprochent dans l’immensité des temps qu’embrasse l’histoire de la nature. Les années écoulées ne paraissent que des instants et si les descriptions physiques d’un pays n’inspirent pas un intérêt bien général et bien vif, elles ont du moins l’avantage de ne pas vieillir. C’est d’après des considérations analogues, que M. de La Condamine a décrit dans son Voyage à l’Équateur, les mémorables éruptions1 du volcan de Cotopaxi qui ont eu lieu longtemps après son départ de Quito. En suivant l’exemple de ce savant illustre, je crois mériter d’autant moins de reproches, que les événements que je vais retracer serviront d’appui à la théorie des réactions volcaniques ou de l’influence qu’exerce un système de volcans sur une vaste étendue de pays circonvoisins.

À l’époque où nous séjournâmes M. Bonpland et moi dans les provinces de la Nouvelle-Andalousie, de Nueva-Barcelona et de Caracas, c’était une opinion généralement répandue que les parties les plus orientales de ces côtes étaient les plus exposées aux effets destructeurs des tremblements de terre. Les habitants de Cumana redoutaient la vallée de Caracas à cause de son climat humide et variable, de son ciel brumeux et mélancolique. Les habitants de cette vallée tempérée parlaient de Cumana comme d’une ville où l’on respire sans cesse un air embrasé et dont le sol est périodiquement agité par de violentes secousses. Oubliant les bouleversements de Riobamba et d’autres villes très élevées, ignorant que la péninsule d’Araya composée de schiste micacé, participe aux agitations de la côte calcaire de Cumana, des personnes instruites croyaient trouver des motifs de sécurité et dans la structure des roches primitives de Caracas et dans la hauteur du site de cette vallée. Des fêtes d’églises, célébrées à la Guayra et dans la capitale même, au milieu de la nuit,2 leur rappelaient sans doute que de temps en temps la province de Venezuela a été sujette aux tremblements de terre ; mais on craint peu des dangers qui se renouvellent rarement. C’est en 1811 qu’une cruelle expérience a détruit le charme des théories et de la croyance populaire. Caracas, situé dans les montagnes trois degrés à l’ouest de Cumana, cinq degrés à l’ouest du méridien qui passe par les volcans des îles Caraïbes, a éprouvé des secousses plus fortes qu’on n’en ait jamais senti sur les côtes de Paria et de la Nouvelle-Andalousie.

J’avais été frappé, dès mon arrivée à la Terre-Ferme, de la connexité de deux événements physiques, de la ruine de Cumana le 14 décembre 1797 et de l’éruption des volcans dans les Petites-Antilles.3 Ces rapports se sont manifestés de nouveau par le bouleversement de Caracas, le 26 mars 1812. Le volcan de la Guadeloupe semblait avoir réagi en 1797 sur les côtes de Cumana. Quinze ans plus tard, c’était un volcan plus rapproché du continent, celui de Saint-Vincent, qui semblait exercer son influence jusqu’à Caracas et aux rives de l’Apure. Il est probable qu’à ces deux époques, le centre de l’explosion a été, à une immense profondeur, également éloigné des régions vers lesquelles le mouvement se propageait à la surface du globe.

1Celles du 3novembre 1744 et du 3 septembre 1750 (Introd. hist., p. 156 et 160).

2Par exemple, la procession nocturne du 21 octobre, instituée en commémoration du grand tremblement de terre qui eut lieu le même jour du mois, à une heure après minuit, en 1778. D’autres secousses très violentes furent celles de 1641, 1703 et 1802.

3Voyez plus haut, Tom. 2, Chap. IV.

Informations complémentaires

Poids 165 g
Dimensions 9 × 138 × 204 mm
Disponible

Oui

Genre

Relation de voyage

Version papier ou numérique ?

Version numérique (Epub ou PDF), Version papier

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