Guignol

17,00 

Chante clair, Guignol !

Joseph des Verrières, Lucien Sachoix

138 x 204 mm – 134 pages – Texte – Noir et blanc – Broché

 

UGS : 9782355831973 Catégories : , ,

Description

Chante clair Guignol !

D’une tonalité plus grave que Cyrano-Guignol de Bergeraque, écrit trois ans plus tôt, ce nouveau pastiche de Joseph des Verrières et Lucien Sachoix laisse entrer des questions plus contemporaines sur l’insécurité, le nationalisme, le changement d’un monde qui voudra définitivement basculer en 1914.

Toujours sous le couvert d’un auteur mondialement célèbre à l’époque, détournant, à des fins non seulement comiques mais aussi éducatives (amener le théâtre à ceux qui ne vont pas à lui), une pièce que Rostand lui-même enfanta dans la douleur, des Verrières et Sachoix réagissent avant tout à un texte de François Coppée que nous mettons en appendice. Pour cet auteur, que nous soupçonnons d’être sur la table de chevet de Mgr Lavarenne, Guignol est une marionnette violente, vulgaire, nihiliste ; à des lieues du personnage de la tradition lyonnaise, pétri d’humanisme et de sentimentalité.

Des Verrières et Sachoix réaffirment que le théâtre de Guignol, le théâtre des origines, s’il met à mal toute forme d’autorité n’a aucun mépris de la personne, et qu’il suffit d’un spectateur convaincu de cela pour que le genre humain

soit sauf.

Prologue

On frappe les trois coups. Le rideau va se lever. Mais tout à coup, devant le rideau, apparaît Guignol, gesticulant et criant.

GUIGNOL

Arrêtez, nom d’un rat ! Ne levez pas encor !…

(et il continue)

Car Guignol, surgissant ainsi que d’une trappe,

Avant qu’un triple coup solennel ne se frappe,

Avant que ce rideau ne découvre un décor,

Guignol a quelque chose à dégoiser au monde !…

Et pour faire un discours très académicieux,

Il commence d’abord…

UNE VOIX, venant de derrière le rideau

Guignol !…

GUIGNOL, à la cantonade

Une seconde !

(au public)

… par dire poliment : Mesdames et Messieurs !

Je vais vous raconter une histoire chenuse,

D’un Monsieur de Paris — mais qui n’en était pas —

Car c’était à Cambô qu’il avait sa cambuse,

Où s’élevaient des coqs, des paons, des chiens, des chats.

Or, il fit une pièce — oh ! qui n’en est guère une —

Où des bêtes : — qui n’en sont pas — coq, paon, matou,

Causent, sous un soleil — qui n’est pas même lune —

Avec un chien Patou — qui ne l’est pas du tout.

Et tu ne savais pas, en ta candeur naïve,

— Faut-il te le chanter, public, en si bémol ? —

Que cette pièce énorme, étonnante, excessive,

Ce n’était qu’une pièce, en somme, de Guignol.

Mais il faut qu’à chacun son propre bien revienne ;

Et j’affirme — déjà, Messieurs, vous m’en croyez —

Qu’ici la véritable pièce c’est la mienne,

Et que c’est l’autre qui nous a parodiés.

Si cette pièce, donc, est le premier modèle,

Qu’un Parisien railleur sans honte contrefit,

N’attendez pas de voir un Guignol infidèle

En crête rouge-sang changer son salsifis ;

Nous ne nous ferons pas pousser au dos des plumes,

Des becs pointus au front, des ailes au côté ;

Nous resterons à l’aise en nos bons vieux costumes

Et dans le naturel et la simplicité.

« L’autre » montrait des personnages minuscules

Qui, s’efforçant en vain, sur leurs longs abatis,

D’avoir l’air d’être grands, n’étaient que ridicules :

Les nôtres seront grands bien qu’ils restent petits.

Et si vous désirez maintenant reconnaître

Sur quel décor bientôt le rideau s’ouvrira,

Écoutez seulement !… Vous entendrez peut-être

Un tapage connu qui le révélera.

(il semble prêter l’oreille, puis détailler les bruits qui viennent du théâtre)

Un grincement frottant quelque chose de lisse…

C’est Gnafron astiquant son fil avec la poix.

Et ce bourdonnement de la chaîne qui glisse,

C’est le ronron de nos ourdissoirs d’autrefois !

Un sifflet !… Le laitier monte par les étages ;

La concierge et son chat s’éveillent en sursaut ;

On entend sur le feu la chanson des potages ;

L’active ménagère active le fricot.

Les travaux vont finir ; le jour descend ; c’est l’heure…

LA VOIX DE GNAFRON, chantant

Y a-t-il rien sur la terre…

GUIGNOL, prêtant l’oreille

Il chante maintenant !

(il continue)

… Où la fenêtre s’ouvre, afin que la demeure

Respire un air enfin…

LA VOIX DE GNAFRON

… qui soye plus cannant…

GUIGNOL

Et ce bruit, maintenant, de bois qui frappe et craque,

Celui-là ne peut pas vous faire illusion ;

Du métier à tisser c’est le vieux bistanclaque :

Vous l’avez deviné, vous êtes à Lyon,

Dans le quartier qui jusqu’aux Terreaux débaroule ;

Peut-être à la Grand-Côte, ou du moins alentour.

Et vous êtes entrés par l’allée qui traboule

Entre quatre maisons encadrant une cour.

Cette pièce est donc Lyonnaise et Croix-Roussienne

Et pour la bien goûter…

UNE VOIX, derrière le rideau

Hé ! Guignol !

GUIGNOL

Oui, j’y vais !…

… Il faut assurément qu’on soit ou qu’on devienne,

Au moins pour un instant, un gone lyonnais.

Et maintenant, il faut que le rideau se hisse.

On m’attend ; au revoir ! Vite, préparez-vous !

Car le métier Jacquard frappe dans la coulisse,

Son bistanclaque — pan, qui compte les trois coups.

(Guignol disparaît – le rideau se lève)

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guignol

Informations complémentaires

Poids 200 g
Dimensions 12 × 138 × 204 mm
Disponible

Oui

Genre

Théâtre

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